Les personnages mi-hommes mi-animaux chez Suriani et chez Max Ernst.
Dans la fiche de présentation de l'artiste, dans l'expo collective de la galerie Ligne 13, Suriani est dit inspiré des mythologies de son pays, le Brésil et de son continent, les dieux à têtes d'animaux et les dieux animaux anthropomorphes chez les Aztèques, les Incas et d'autres religions précolombiennes. Les serpent à plumes, le tigre etc.
En voyant les personnages de Suriani dans la rue, sans rien connaître de l'artiste, ce mélange homme/animal me faisait penser à plusieurs périodes :
- les dieux antiques : égyptiens et orientaux plus que gréco-romain (qui eux avaient aussi des divinités hybrides mais pratiquement toujours des humains avec quelques éléments animaux, gardant leur tête d'êtres humains), les dieux à têtes de loup, de faucon, d'ibis, les déesses lionnes etc
- une inspiration plus moderne, les visions orientalistes de la fin du XIXème mélées à un mysticisme sombre cherz les écrivains, les gravures de Gustave Dorée.
J'aurai pu voir ces personnages illustrant des fables de La Fontaine ou les traités de Buffon dans la précision de leur dessin.
- un parallèle plus contemporain : les dessins animés ("Renard" sherlock homes version animalisée, etc), la série télé Manimal dans les années 90, un héros qui se change en animal au gré de ses envies, dont le titre de mon premier article sur Suriani fait référence.
Venons en à Max Ernst, artiste allemand de la première moitié du XXème siècle, qui vécu en France, partie intégrante du cercle des surréalistes avec Breton et Eluard, puis ayant fui pour les Etats-Unis, pendant la Seconde Guerre Mondiale. A partir d'aujourd'hui s'ouvre au Musée d'orsay du 30 juin au 30 septembre 2009 une exposition sur les collages de Ernst, regroupés dans des cahiers, sous le titre Une semaine de bonté. Des collages de gravures réalisés en 1934 dans un esprit surréaliste, montrant des scènes à l'atmopshère étrange, sombre, érotique, violente, avec des animaux, des femmes nymphes, des hommes en haut de forme et des personnages à têtes d'animaux. Influences de la psychanalyse, de la métaphysique, de l'ésotérisme. Visions romantiques fin XIXème.
Au fur et à mesure de l'expo visitée lors du vernissage, le parallèle entre les figures de Suriani et celles de Max Ernst me paraissait évident jusqu'à ce que je regarde ce montage :
Collage de la série Oedipe. On voit un homme au premier plan, en haut de forme, surpris et à la marche stoppée nette face à la vision d'un personnage à tête d'oiseau qui vole à 1 m du sol, un soir de pleine lune.
Plusieurs collages montrent des hommes à têtes d'animaux, mais sur celui-ci on voit immédiatement un colage de Suriani, on dirait que l'homme-oiseau est littéralement collé au mur et son mouvement fossilisé dans la pierre comme :
ce collage de Suriani, passage Thiéré, P11, déjà publié dans l'article précédent consacré à Suriani
Parler d'influence de Max Ernst serait peut-être trop poussé, voire forcé.
Mais on peut y voir un parallèlisme évident.
Je vous recommande de voir en plus de l'expo collective à laquelle fait partie Suriani à la galerie ligne 13, l'expo de Max Ernst au Musée d'Orsay. Chaque collage est un bijou étrange (dimanche, 5 juillet, c'est le 1er du mois, c'est gratuit !!).